Chronique solidaire : Clémence Litaert

Clémence Litaert est audioprothésiste DE, à Valence et Lyon (Auvergne-Rhône-Alpes) depuis 2002.

Comment êtes-vous devenue mécène d'AuditionSolidarité ?

À vrai dire, ce sont eux qui sont venus à notre rencontre ! Jean-Yves Paquelet, le « musicien de la bande », nous a proposé de devenir mécène en 2015. Le centre où j’exerce est une entreprise familiale qui, en soixante années d’existence, a toujours récupéré les appareils auditifs. Le mécénat nous est alors apparu comme une évidence.

Que vous apporte le mécénat dans votre vie de tous les jours ?

J’ai effectué ma première mission en septembre 2017 à Marseille. Cela m’a vraiment plu ! Il est nécessaire, je trouve, de s’intéresser à une population dont on se préoccupe peu, de donner un peu de son temps à ceux qui sont démunis, de partager des moments, et de rencontrer de belles personnes. On réalise aussi que l’on peut faire beaucoup avec peu. Peut-être que l’on s’impose trop de limites dans notre pratique au quotidien. On se dit que certaines choses semblent compliquées… alors que pas du tout ! Il ne faut pas être pessimiste, il faut se donner l’énergie d’être optimiste !

Quels souvenirs gardez-vous de vos actions avec AuditionSolidarité ?

Je me souviens de trois jeunes filles syriennes âgées de 5, 8, et 12 ans. Deux d’entre elles avaient été équipées lors d’une première mission au mois d’avril, j’équipais la plus jeune pour la première fois. Ces filles ont perdu l’audition à cause de la guerre, elles vivent dans un squat et pourtant elles sourient, elles ont l’envie d’apprendre et le font à une vitesse déconcertante. Cela permet de relativiser et c’est impressionnant. Je me souviens aussi d’un homme, arrivé en France il y a à peine un an, et qui a pu apprendre à parler, lire et écrire en français grâce à l’appareillage. Il m’a adressé une phrase qui m’a marqué : « Vous avez enrichi ma banque de mots, vous m’avez permis de communiquer ». Lors de la précédente mission, il était venu avec sa femme, car il ne pouvait communiquer avec personne ; et aujourd’hui, il dit qu’il peut être autonome. Ce sont des gens qui ont besoin d’aide, qui ont envie de se battre et qui sont reconnaissants. La plupart des personnes que l’on rencontre au quotidien viennent à reculons — même si je peux les comprendre — l’appareillage est souvent l’une des « pires » nouvelles à laquelle ils doivent faire face. Là, les gens sont enthousiastes et émerveillés. C’est assez incroyable de voir cela !

AuditionSolidarité en un mot ?

Partage.

KHM