Le géant de la lunetterie EssilorLuxottica va-t-il bouleverser le marché des aides auditives ?
Ce marché a déjà connu un retournement avec l’entrée des entreprises d’électronique grand public, telles que Sony, HP et Sennheiser, proposant désormais des appareils auditifs à écouteurs, qui éliminent les préjugés de l’appareillage, ainsi que des appareils en auto-adaptation en vente libre à un prix moins élevé aux États-Unis.
Une vague se profile désormais également du côté de l’optique. Des groupes de lunetterie et de soins ophtalmologiques, sensibles à la mode, intègrent progressivement l’audiologie dans leurs activités – jusqu’à présent avec un succès incontesté.
Une évolution vers l’audition inspirée par l’expérience personnelle du fondateur
EssilorLuxottica, le groupe franco-italien né de la fusion en 2017, pour un montant de 50 milliards d’euros, du groupe de lunetterie Luxottica de feu Leonardo Del Vecchio et du fabricant français Essilor, est le plus grand groupe de lunetterie au monde.
Aujourd’hui, ce propriétaire des lunettes Oakley et Ray-Ban, coté à la Bourse de Paris, prévoit de lancer (fin 2024) une idée éprouvée et quelque peu dépoussiérée : l’appareil auditif intégré aux lunettes. Mais cette fois-ci, EssilorLuxottica parle d’un “produit révolutionnaire” pour décrire son projet combinant lunettes et amplification du son.
L’entrée dans le secteur de la santé auditive, qui constitue le premier changement stratégique important du groupe depuis le décès de son fondateur Del Vecchio en 2022, s’accompagne de l’annonce de l’acquisition à 100 % de Nuance, une jeune entreprise de technologie auditive basée à Tel-Aviv.
L’expérience de cette entreprise israélienne dans l’amélioration de l’audition dans les bruits de fond est de bon augure pour cette entreprise.
La technologie de Nuance utilise des faisceaux acoustiques, une technique de traitement du signal qui consiste à déterminer la direction d’écoute à privilégier à partir des sources ayant l’énergie acoustique la plus élevée, réduisant ainsi le bruit de fond et l’encombrement sonore. Nuance affirme que sa plate-forme matérielle et logicielle capture les sons, les traite et les restitue à une vitesse record de 6,25 millisecondes.
Mais ce sont surtout l’apparence et le confort qui sont déterminants. En effet, le fondateur d’EssilorLuxottica, M. Del Vecchio, souffrait lui-même d’une perte auditive et était connu pour se plaindre du fait que les aides auditives n’étaient pas confortables à porter avec des lunettes.
Un élément auditif invisible – apparemment, une simple paire de lunettes
La taille, le positionnement sur le marché et l’expérience de ce géant sont autant de raisons de penser que ces lunettes pour aides auditives pourraient attirer une bonne partie du 1,25 milliard de consommateurs souffrant d’une perte auditive légère à modérée. EssilorLuxottica travaillera avec des fabricants d’appareils auditifs connus sur les aspects marketing de l’entreprise, bien qu’elle n’ait pas indiqué à quelles entreprises elle s’adressait.
La clé du succès de ce projet réside peut-être dans le fait que les anciennes lunettes pour malentendants étaient aussi encombrantes et bizarres que des chaussures à roulettes ou des voitures amphibies, ce qui n’était guère rassurant pour les utilisateurs inquiets de la stigmatisation liée à ce handicap. Les lunettes EssilorLuxottica pour malentendants ressembleront à des lunettes ordinaires grâce à la miniaturisation de l’appareil auditif dans la tige de la monture.
“Comme nous l’avons fait dans le domaine de la vision, nous serons les premiers à éliminer les stigmates des solutions auditives traditionnelles, en les remplaçant par le confort et le style”, a expliqué Francesco Milleri, président-directeur général du groupe.
“Si la vision reste notre cœur de métier – et la croissance du marché de l’optique notre stratégie – nous sommes particulièrement bien placés pour ouvrir une nouvelle voie à l’industrie en répondant au besoin d’une bonne audition grâce à des technologies innovantes”, a affirmé M. Milleri.
Avec des consommateurs ciblés dans 150 pays, l’entreprise pourra soit réaliser des ventes importantes, soit être un échec retentissant.
Source : Financial Times/Times of Israel