Implants cochléaires : l’Espagne en proie à la stigmatisation et au manque d’information
Sur plus de 200 000 personnes souffrant d’une perte auditive profonde en Espagne, seules 23 000 utilisent un implant cochléaire, selon les données publiées par GAES (enseignes principalement espagnoles appartenant à Amplifon), à l’occasion de la Journée de l’implant cochléaire du 25 février 2024.
On estime que seuls 5,7 % des adultes candidats à cette technologie ont bénéficié de ce traitement, en raison de la stigmatisation et du manque d’information. Ces obstacles ne sont que deux des nombreuses barrières à surmonter.
« L’ignorance du monde de l’audition reste une réalité répandue dans notre pays« , a commenté une source du GAES, soulignant que « 44% de la population ne sait pas ce qu’est un implant cochléaire et quelles sont ses fonctions« . Telles sont quelques-unes des conclusions de la récente étude du GAES sur la santé auditive en Espagne.
Ce dispositif, introduit en Espagne il y a plus de 35 ans, est implanté par le biais d’une opération chirurgicale dans l’oreille interne et permet aux personnes souffrant d’une perte auditive sévère-profonde, pour qui les aides auditives ne suffisent plus, d’entendre et de comprendre le langage oral avec une plus grande clarté.
Un problème corroboré par la Fédération de l’AICE
L’Espagne compte plus de 200 000 personnes atteintes d’une déficience auditive profonde. Selon la fédération AICE (Associations de patients porteurs d’implants cochléaires d’Espagne), seules 23 000 personnes utilisent un implant cochléaire. On estime que seuls 5,7 % des adultes susceptibles d’être candidats à un implant cochléaire en ont bénéficié. En outre, moins de dix pour cent des patients obtiennent des informations adéquates à ce sujet.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 430 millions de personnes dans le monde souffrent d’une perte auditive invalidante. Parmi les principales raisons pour lesquelles beaucoup de ces personnes n’utilisent pas d’implants cochléaires, on trouve la stigmatisation et la peur des interventions chirurgicales, ainsi que le manque d’information.
Conférence internationale CI 2024 aux îles Canaries
La situation actuelle et l’approche de cette solution auditive pour les patients souffrant d’une perte auditive profonde ont été quelques-uns des sujets abordés lors de la 17e conférence internationale sur les implants cochléaires et autres technologies implantables (CI 2024), qui s’est tenue du 21 au 24 février 2024, aux îles Canaries.
Le Dr Carlos Cenjor, président du comité scientifique du GAES et orateur de l’événement, explique : « Les implants cochléaires constituent l’une des plus grandes avancées technologiques de ces dernières années, car ils permettent de restaurer l’audition des personnes souffrant d’une perte auditive sévère et profonde de manière prévisible, satisfaisante et sûre. L’OMS prévoit que d’ici 2050, une personne sur quatre dans le monde souffrira d’un certain degré de perte auditive. C’est pourquoi il est très important de diffuser et de faire connaître l’amélioration de la qualité de vie qu’apportent les implants cochléaires. »
Manuel Bernal : « Ce n’est pas une option compliquée »
Pour sa part, le Dr Manuel Bernal, président de la SEORL-CCC (Société espagnole d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie de la tête et du cou), ajoute : « En tant que professionnels, nous devons veiller à ce qu’aucun patient ne soit laissé sans information sur une technique qui pourrait considérablement améliorer sa vie« . Il est très important de leur expliquer en détail ce qu’elles sont, comment elles fonctionnent et tous les avantages qu’elles procurent, afin de les encourager à franchir le pas. « Il s’agit de comprendre qu’il ne s’agit pas d’une option compliquée« .
Toujours dans le domaine des implants auditifs, le directeur de GAES, Javier García, insiste sur le fait que la stigmatisation est l’un des principaux défis à relever. « Le port d’implants cochléaires, d’aides auditives ou de toute autre aide auditive ne devrait jamais être un motif de honte. Certaines personnes connaissent ces produits et savent qu’ils leur seraient bénéfiques, mais elles ne veulent pas les porter parce qu’elles pensent qu’ils donnent une image qu’elles n’aiment pas. Sensibiliser à l’utilisation des implants cochléaires, c’est aussi la normaliser dans la vie de tous les jours« , affirme-t-il.