Les Deaflympics, une compétition spécifique pour les sourds

Les sportifs sourds ne participent en général pas aux Jeux paralympiques, car ils n’ont pas de catégorie prévue pour eux. Alors, ils ont leur propre compétition multisport internationale : les Deaflympics, appelés aussi Jeux olympiques des Sourds ou Jeux Silencieux.

Ces jeux, reconnus par le Comité international olympique (CIO), ont lieu tous les 4 ans, avec une alternance de jeux d’été et d’hiver tous les 2 ans comme pour les Jeux olympiques et paralympiques. Si la Fédération Française Handisport compte une soixantaine de sports, seuls 24 permettent de faire des compétitions (athlétisme, badminton, basket, bowling, cyclisme, course VTT, football, handball, golf, judo, taekwondo, natation, tennis, tennis de table, tir de pistolet, volley, etc.) et de recevoir un titre.

Un peu d’histoire

Lorsque les Jeux olympiques modernes ont été créés, en 1896, rien n’avait été pensé pour les personnes handicapées. C’est un Français, sourd, Eugène Rubens-Alcais, qui a l’idée d’organiser avec des amis la première rencontre internationale pour les sportifs sourds. Auparavant, il avait déjà créé, un peu partout en France, des clubs sportifs exclusivement ouverts aux sourds. Son objectif était de montrer au public qu’être sourd n’empêche pas d’être sportif et de réaliser des exploits.

Puis, à l’été 1924, Eugène Rubens-Alcais s’associe à Antoine Dress, fondateur de la Société Royale Sportive des Sourds de Belgique, pour organiser les premiers Jeux Silencieux Internationaux à Paris et créer le Comité international des sports silencieux (CISS). La 1re édition de cette compétition a rassemblé 148 sportifs sourds venant de 9 pays européens différents. En 1935, des athlètes américains sourds participent pour la première fois à la compétition. Malheureusement, la Seconde Guerre mondiale interrompra cette rencontre sportive pendant 10 ans. Elle ne reprendra qu’en 1949. En 1955, c’est la consécration : le Comité international olympique reconnait officiellement le CISS comme étant une fédération internationale promouvant les valeurs olympiques. En 1981, lors de l’édition d’été, le CISS se conforme à la politique de contrôle antidopage.

Le Comité international des sports des sourds intègre ensuite le Comité international paralympique en 1985, mais le quitte en 1995, n’arrivant pas à résoudre divers problèmes ; l’un des principaux était de ne pas prendre en compte toutes les catégories sportives présentes aux Jeux Silencieux Internationaux.

En 2001, la compétition est rebaptisée Deaflympics, du mot « deaf » qui signifie « sourd » en anglais.

Jusqu’en 2017, la Fédération Française Handisport avait la délégation totale des Deaflympics et, depuis cette date, une quinzaine de fédérations de « valides » gère les compétitions et fait les sélections des champions.

24 sports sont représentés lors de cette compétition.

Des Jeux silencieux

Dans le monde des sourds, le silence est la norme. Les compétitions ne sont donc pas rythmées par les cris et encouragements des spectateurs et des équipes. Des drapeaux et des stroboscopes remplacent les avertisseurs sonores qui signalent le départ ; le public signe ses encouragements ; les équipes communiquent également en langues des signes entre les sportifs et en direction des coachs.

Les récentes éditions

Les derniers Jeux d’été se sont déroulés à Caxias do Sul, au Brésil, en mai 2022. Près de 6 000 athlètes provenant de 77 pays, dont 56 sportifs français, étaient présents à cette 24e édition des Deaflympics. Les jeux ont duré quinze jours. Au total, les Français ont remporté 16 médailles : 8 en or, 3 en argent, 5 en bronze ; au classement des nations, la France termine à la 8e place.

Les jeux d’hiver ont pris place du 2 au 12 mars 2024, à Erzurum, en Turquie. Le groupe des sportifs français participants était composé de cinq skieurs, marquant ainsi la première participation d’athlètes tricolores en ski nordique sous la direction de la Fédération Française de Handisport. La délégation a ramené 8 médailles : 1 en or, 2 en argent et 5 en bronze.

Jeff Piccard, ancien skieur de haut niveau et entraineur, entre autres, de l’équipe de France handisport, a souligné que l’expérience n’était pas évidente, avec la nécessité de s’adapter et de trouver des moyens efficaces pour communiquer, notamment pendant les compétitions où les athlètes ne peuvent pas être appareillés : « C’est la lecture des lèvres et les signes qui priment. »

Les prochains Jeux seront les Deaflympics d’été, et auront lieu en novembre 2025 au Japon.