L'Unsaf saisit la commission d'examen des pratiques commerciales (CEPC) contre Harmonie Mutuelle
bras de fer 100% santé
L'Unsaf (syndicat national des audioprothésistes) a annoncé aujourd'hui dans un communiqué avoir saisi la commission d'examen des pratiques commerciales (CEPC) contre une initiative de la complémentaire santé Harmonie Mutuelle. Le syndicat compte ainsi mettre un coup d'arrêt à la volonté d'Harmonie Mutuelle d'appliquer la réforme du zéro reste à charge au 1er juillet 2019, plutôt qu'au 1er janvier 2021 comme le texte le prévoit. L'Unsaf estime qu'Harmonie Mutuelle lance "une opération promotionnelle opportuniste" "au prix d'un report du coût sur les audioprothésistes", le tout en profitant de sa position de force.
La réforme du 100% santé, récemment signé entre les audioprothésistes, la direction de la sécurité sociale et les complémentaires santé, prévoit que plusieurs appareils dits de classe 1, seront pris en charge intégralement par l'Assurance maladie et les complémentaires santé au 1er janvier 2021. En échange, les audioprothésistes se sont engagés à baisser le prix de vente maximum des audioprothèses de cette classe 1 de 1500 euros, leur prix moyen en 2018, à 1300 euros en 2019, pour atteindre un prix de vente maximum de 950 euros en 2021.
Or la complémentaire santé Harmonie Mutuelle a annoncé le 29 mars 2019 vouloir anticiper l'application du zéro reste à charge, sans frais supplémentaires pour ses adhérents, pour peu qu'ils se rendent chez un des audioprothésistes de son réseau de soin Kalivia.
L'Unsaf et le Synea (Syndicat national des entreprises de l'audition) expliquent qu'Harmonie Mutuelle compte en réalité faire financer cette facilité par les audioprothésistes adhérents à son réseau de soin Kalivia. Harmonie Mutuelle "impose aux audioprothésistes de proposer une offre d’entrée de gamme à 800 € pour des appareils de classe 1. Les négociations avec la Direction de la Sécurité Sociale avaient pourtant fixé le prix pour ces appareillages à 1 300 € en 2019, avec un objectif cible de 950 € en 2021." s'indigne l'Unsaf dans son communiqué.
Guillaume Flahault, président du Synea explique : "Harmonie Mutuelle demande aux audioprothésistes de son réseau de mettre en vente les audioprothèses moins chères, et ainsi, ils promettent un meilleur remboursement. Mais en réalité, c'est l’audioprothésiste qui finance en diminuant son prix de vente !"
Le président du syndicat, qui regroupe les enseignes de centres audios, voit un risque de fermeture des centres.
"Si une entreprise est juste à l’équilibre et connaît une baisse brutale de 15% de son chiffre d’affaire, elle passe en perte. Et cela passera par des défaillances d’entreprises" poursuit Guillaume Flahault.
Les syndicats voient dans cette initiative non seulement une trahison du texte co-signé par les complémentaires, mais également un danger pour l'ensemble de la réforme elle-même.