« Paymed » : plusieurs professions de santé créent une solution collective de gestion du tiers-payant
Le 9 octobre, sept syndicats de professionnels de santé libéraux ont présenté Paymed, une « alternative libérale » à la solution d’inter-AMC, imposée par les mutuelles pour la gestion du tiers-payant. Inter-AMC exige un conventionnement individuel et se révèle très chronophage. Représentés par l’UNSAF, les audioprothésistes sont concernés.
Les professionnels de santé ont proposé ce mercredi 9 octobre 2019 leur propre solution de gestion de dispense d’avance des frais. Sept syndicats (1), dont l’UNSAF, ont annoncé s’être regroupés pour financer une solution logicielle alternative à celle qu’imposent les complémentaires. Les sept organisations professionnelles sont actionnaires de Paymed, avec le Crédit agricole ; mais, détenant la majorité des voix, les syndicats restent décisionnaires.
Pourquoi avoir créé cet outil ? Parce qu’Inter-AMC, l’organisme concentrateur technique créé par les complémentaires, ne leur convient pas. « Nous n’avons validé ni le contenu ni les spécificités du cahier des charges techniques », regrette Daniel Guillerm, président de la fédération nationale des infirmiers. Or Inter-AMC, qui gère le tiers-payant d’environ 80 % des mutuelles, est très complexe et chronophage. En effet, ce système passe par un conventionnement individuel : c’est à chaque praticien de signer un contrat avec la plate-forme. Et chaque complémentaire – environ 400 au sein d’Inter-AMC – a ses pratiques : pour certaines, il faut envoyer un fax, pour d’autres, il faut remplir des documents à la main… « Chez les audioprothésistes, certains passent leur week-end à chercher à quelle complémentaire ils doivent envoyer les demandes de remboursement », témoigne Luis Godinho, président de l’UNSAF. Même son de cloche chez les médecins, les infirmiers, les kinésithérapeutes…
L’avantage de Paymed, c’est un conventionnement collectif avec les syndicats, et non plus praticien par praticien. « De plus, ce système fiable assure le paiement en un flux unique de la part obligatoire et la part complémentaire », indiquent les syndicats. Ils s’engagent à ce que le remboursement total soit effectif dans les six jours. Pour les professionnels de santé qui souhaitent adhérer à Paymed, il leur en coûtera entre 36 et 60 euros par mois en fonction du nombre de feuilles de soins électroniques transmises. « Une phase d’expérimentation de l’outil a démontré sa robustesse », soulignent les créateurs de Paymed.
Fin de non-recevoir de l’AMC
Mais l’AMC – association des complémentaires santé pour le tiers-payant -, qui a été sollicitée pour un partenariat avec Paymed, a opposé une fin de non-recevoir. Les sept syndicats en appellent donc « à la vigilance du gouvernement » et demandent « un arbitrage politique ». Ils souhaitent une ouverture très prochaine de négociations avec l’Unocam (Union nationale des organismes complémentaires d’assurance-maladie) pour que Paymed soit reconnu comme un système agréé de gestion du tiers-payant.
« Si nous n’avons pas un système de conventionnement collectif comme Paymed, la réforme du 100% santé ne fonctionnera pas », avertit Luis Godinho. La mise en place du tiers-payant revêt en effet encore plus d’importance avec le « 100 % santé ».
(1) Les sept syndicats : Syndicat national des audioprothésistes (UNSAF), fédération nationale des infirmiers (FNI), syndicat des médecins libéraux (SML), syndicat des biologistes (SDB), confédération des syndicats médicaux français (CSMF), fédération française des masseurs-kinésithérapeutes-rééducateurs (FFMKR), fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
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