5,3 millions de travailleurs sont exposés au bruit

Selon un rapport de Santé publique France, plus de 5 millions d’actifs étaient exposés au bruit en 2019, dont une part importante à des seuils considérés comme dangereux pour l’audition. Les chercheurs espèrent que ces données inédites en France permettront d’orienter plus efficacement les politiques de prévention des risques professionnels.

Par Lucien Brenet, publié le 07 avril 2025

5,3 millions de travailleurs sont exposés au bruit

5,3 millions de travailleurs étaient exposés au bruit, c’est ce que nous apprend le dernier rapport de Santé publique France sur l’exposition aux bruits et nuisances sonores dans le monde du travail réalisé sur l’année 2019. Cela représente 20,5 % de la population active – contre 22,9 % en 2007 – exposée à un niveau sonore supérieur à 70 décibels sur 8 heures de travail. Les hommes représentent à eux seuls 80 % des personnes exposées.Une légère baisse que les chercheurs imputent à « la modification de la structure d’emploi dans la population » sur la période 2007-2019. Ils donnent notamment l’exemple de la diminution du nombre de travailleurs dans la métallurgie, passé de 110 730 en 2007 à 86 500 en 2019.

Globalement, en 2019, 64,2 % des travailleurs étaient exposés à un bruit non lésionnel, inférieur ou égal à 70 décibels sur une journée de travail de 8 heures. Pour 35,8 %, l’exposition atteint un niveau lésionnel, soit au-delà de 80 dB sur 8 heures de travail.

Le secteur du bâtiment et des travaux publics regroupe à lui seul 1,3 million de travailleurs exposés, dont 53,7 % à un niveau lésionnel. « Ceux du travail des métaux présentent la plus forte proportion de travailleurs exposés à un niveau lésionnel sur 8 heures (52,3 % ndlr) », écrit le rapport. Vient ensuite la logistique et le tourisme, avec plus de 800 000 travailleurs exposés, dont 18,7 % à un niveau lésionnel.

Mieux orienter la prévention

« Ces estimations sont, à notre connaissance, les premières documentant l’exposition au bruit, détaillée selon le niveau de bruit (entre 70 et 80 dB(A) Lex,8h et ≥80 dB(A) Lex,8h), dans l’ensemble de la population des travailleurs en France », expliquent les chercheurs. S’ils préviennent que leur évaluation est incomplète, puisqu’elle ne prend pas en compte les situations d’exposition spécifiques par entreprise ou poste de travail, il estiment que « ces résultats seront utiles pour le suivi de cette exposition au niveau populationnel ou pour documenter l’exposition dans les études épidémiologiques portant sur les effets du bruit sur la santé ». Santé publique France estime également que ces recherches serviront à mieux cibler la prévention auprès des secteurs les plus impactés.

D’autres recherches ont déjà mis en exergue l’exposition aux bruits des salariés. L’Enquête européenne sur les conditions de travail de 2015 avait par exemple évalué l’exposition ressentie par les travailleurs. 28 % d’entre eux s’estimaient exposés au bruit à l’échelle européenne (33 % pour l’hexagone).

En France, la Direction de l’animation de la recherche, des études et de la statistique (Dares) a publié son enquête Surveillance médicale des expositions des salariés aux risques professionnels (Sumer) 2017, dans laquelle elle avait estimé que 8,1 millions de salariés étaient exposés à des nuisances sonores, dont 1,5 à des niveaux lésionnels sur plus de 20 heures par semaine.