Deux études établissent un lien entre bruit urbain et risque cardiovasculaire

Deux nouvelles études réalisées à Brême (Allemagne) et en France ont mis en évidence l’impact négatif de la pollution sonore urbaine sur la santé cardiaque et sur le pronostic après un premier infarctus du myocarde.

Par Lucien Brenet, publié le 11 septembre 2024

Deux études établissent un lien entre bruit urbain et risque cardiovasculaire

L’European Society of Cardiology a relayé deux études présentées lors du Congrès ESC 2024 à Londres, dont les résultats établissent un lien entre bruit urbain et risque cardiaque. La première, baptisée Decibel-MI, s’est intéressée au cas de 430 patients de 50 ans ou moins, vivant à Brême, en Allemagne, ayant subi un infarctus du myocarde (IM) aigu et ayant été exposés à des niveaux de bruit plus élevés que la population générale.

Le bruit comme facteur de risque

Dans le détail, les chercheurs ont observé que les patients ayant eu un IM et ayant un score LIFE-CVD (modèle qui évalue la probabilité qu’une personne développe une maladie cardiovasculaire) bas (≤2,5 %), indiquant un faible niveau de facteurs de risque traditionnels, comme le tabagisme ou le diabète, présentaient une exposition au bruit plus élevée que ceux avec un score LIFE-CVD élevé. « Cela est crucial, car les modèles d’évaluation des risques traditionnels peuvent sous-estimer le risque cardiovasculaire chez les jeunes considérés autrement comme à faible risque », a fait remarquer l’European Society of Cardiology dans un communiqué.

La seconde étude, ENVI-MI, a été réalisée de l’autre côté de la frontière, en France, et a consisté à évaluer l’impact de l’exposition au bruit environnemental sur le pronostic après un premier IM. Elle s’est penchée sur les données de l’observatoire français (RICO) concernant 864 patients hospitalisés pour un IM aigu et ayant survécu au moins 28 jours après.

Un pronostic moins favorable après un premier IM

Résultat ? « Nous avons trouvé une forte association entre l’exposition au bruit urbain, particulièrement la nuit, et un pronostic moins favorable un an après un premier IM », a rapporté la Professeure Marianne Zeller, de l’Université de Bourgogne et de l’Hôpital de Dijon, France. Un an après, 19 % des patients ont présenté un événement cardiovasculaire majeur, allant de la réhospitalisation pour insuffisance cardiaque jusqu’au décès. Bien que le niveau d’exposition quotidien au bruit mesuré à l’adresse des patients ait été considéré comme modéré (56,0 dB sur 24 heures et 49,0 dB la nuit), les chercheurs ont constaté une augmentation de 25 % du risque majeur à chaque augmentation de 10 dB pendant la nuit, « indépendamment de la pollution de l’air, du niveau socio-économique et d’autres facteurs de confusion », est-il précisé.

« Reconnaître le bruit comme un facteur de risque comble une lacune critique et souligne la nécessité de stratégies de santé publique pour réduire la pollution sonore, améliorant ainsi la santé cardiovasculaire chez les jeunes populations », a affirmé le Dr Hatim Kerniss, investigateur de l’étude et membre du groupe Klinikverbund Gesundheit Nord, de Brême, cité dans le communiqué. Les résultats de ces études pourraient permettre d’améliorer l’identification des patients à risque et ainsi optimiser les mesures préventives et les interventions ciblées.