Elimination du cérumen : des universitaires anglais s’inquiètent
Depuis 2018, l’élimination du cérumen ne fait plus partie des actes que les cliniques publiques britanniques sont tenues de proposer aux patients. Or des recherches récentes, menées par des audiologistes de l'Université de Manchester, ont montré la nécessité de maintenir les services d’élimination du cérumen. En France, cette question est également d’actualité.
Outre-manche, la fermeture des services d’élimination du cérumen, géré par le système de santé public (NHS, National Health Service), inquiète les audiologistes. Cela augmente les délais d’attente, que ce soit dans les cabinets de médecins généralistes ou les centres de santé qui récupèrent ces patients. La BBC s’en est même fait l’écho dans un article.
Or, dans une étude, publiée par le British Journal of General Practice, le National Institute for Health and Care Excellence (NICE) recommande que les services d’élimination du cérumen restent considéré comme un soin de base. Cependant, ces services de cérumen sont devenus si rares – voire inexistants – dans certains endroits au Royaume-Uni, que des groupes d’utilisateurs, dirigés par le Royal National Institute for Deaf People (RNID), font campagne pour un accès plus large à ces soins, souligne l’Université de Manchester.
Et un rapport du RNID de 2022 intitulé « Accès bloqué : l’impact de la réduction des services de retrait de cérumen du NHS », décrit le nombre de personnes obligées de passer dans le système privé et de payer 50 à 100 £ivres, à chaque fois qu’elles ont besoin que le cérumen soit retiré.
Plus de deux millions de personnes au Royaume-Uni ont besoin d’un retrait de cérumen, selon l’équipe de recherche, dirigée par le professeur Kevin Munro de l’Université de Manchester et le Centre de recherche biomédicale de Manchester (BRC) de l’Institut national de recherche sur la santé et les soins (NIHR). Les résidents de maison de retraite atteints de démence éprouvent notamment de graves problèmes de cérumen. Cela affecte jusqu’à 44 % des résidents.
L’étude a également interrogé 500 adultes qui ont utilisé les services de retrait de cérumen du NHS et a découvert que le symptôme le plus courant des oreilles bouchées était la difficulté auditive. Elle révèle que neuf personnes interrogées sur dix ont déclaré que les difficultés auditives étaient au moins modérément gênantes, six sur dix ont déclaré être très ou extrêmement gênées. Et après le retrait du cérumen, plus de huit personnes sur dix ont signalé une amélioration immédiate.
“Si quelqu’un essaie de simuler l’effet de la cire impactée en se promenant avec ses doigts en se bouchant les oreilles pendant quelques jours, il se rendra vite compte qu’il s’agit d’un problème sérieux”, a déclaré le professeur Munro.
“Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les cabinets de médecins généralistes cessent de fournir des services de retrait de cérumen. La méthode traditionnelle de seringuer les oreilles n’est plus recommandée, mais il existe des méthodes plus récentes et plus sûres pour éliminer la cire de l’oreille”, a-t-il ajouté.
“Il existe également un malentendu selon lequel l’utilisation de gouttes auriculaires pour ramollir la cire suffira à résoudre le problème, mais il existe peu de preuves à l’appui de cette affirmation. Une fois que la cire a été ramollie, elle doit être rincée de l’oreille ou aspirée, ce qui ne peut être fait à la maison sans expertise.
En France, l’Assurance maladie a récemment tenu à rappeler la marche à suivre en cas de bouchon de cérumen, à la suite de l’apparition de techniques douteuses par brulage sur les réseaux sociaux. Sur son site, elle préconise de tenter de s’en débarrasser d’abord sans l’intervention d’un tiers avec ces gouttes auriculaires, et ensuite d’avoir recours à son généraliste en cas d’échec de cette méthode.
Que ce soit de ce côté de la Manche ou de l’autre côté, cette question du retrait du cérumen semble rester problématique.