L’Académie de médecine renouvelle ses recommandations sur le dépistage du CMV

L’institution s’est prononcée en faveur d’un dépistage systématique des infections à cytomégalovirus, à la lumière des récentes études. Elle s’oppose ainsi à l’avis actualisé du Haut Conseil de la santé publique.

Par Lucien Brenet, publié le 16 octobre 2024

L’Académie de médecine renouvelle ses recommandations sur le dépistage du CMV

L’Académie nationale de médecine a recommandé un dépistage systématique de l’infection congénitale à cytomégalovirus (cCMV) chez la femme enceinte. Ce diagnostic, souvent posé tardivement, entraîne un risque accru de séquelles graves pour l’enfant, comme une perte d’audition. Pourtant, selon l’institution, l’infection pourrait être « facilement évitable ». « Le dépistage sérologique maternel précoce permet de diagnostiquer une primo-infection à CMV », écrit-elle dans un communiqué. D’autant que, un récent traitement précoce au valaciclovir semble avoir fait leurs preuves. Il vise à « prévenir le risque d’infections fœtales et, par conséquent, à réduire le risque de formes graves et handicapantes ». Il permettrait de « réduire de 70 % le risque de transmission virale tout en offrant un excellent rapport bénéfice/risque pour la mère et le fœtus ».

L’Académie recommande de traiter cette question de santé publique dans toutes ses dimensions, notamment en prenant en compte les coûts liés au handicap dans le calcul du ratio bénéfice/risque du dépistage. Elle plaide également pour la mise en place d’un dépistage du CMV dès le premier trimestre de grossesse, incluant des tests IgG et IgM, ainsi que le suivi des femmes séronégatives selon un algorithme décisionnel. De plus, des études de cohortes et de suivi de l’impact devraient être produites à partir des données de santé nationales.

Le ministère de la Santé attendu au tournant

Un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2024 (PLFSS 2024), portant sur la mise en place d’un programme d’expérimentation de dépistage prénatal systématique, avait été adopté le 6 novembre 2023.

Cependant, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a actualisé en début d’année son avis sur le dépistage systématique du CMV, maintenant sa position défavorable. Le HCSP avait décidé de réexaminer sa position après la publication d’un essai randomisé sur le traitement par valaciclovir. Dans son avis actualisé, le HCSP invoque un niveau de preuve « faible », soulignant que l’étude n’a pas démontré l’efficacité du traitement sur les infections fœtales, les infections congénitales, ni sur les anomalies fœtales après infection.

Ces conclusions ont été vivement critiquées par certains professionnels de santé dans une tribune publiée dans Le Monde en mars 2024, reprochant au HCSP de s’être appuyé sur des études « obsolètes » pour formuler son avis. L’Académie nationale de médecine a ajouté que l’avis du Haut Conseil « omet particulièrement d’inclure, dans l’analyse des coûts pour la société, la prise en charge à vie des enfants handicapés ».

De son côté, le ministère de la Santé a sollicité l’avis de la Haute Autorité de santé (HAS) sur ce sujet. Une fois la HAS prononcée, l’État pourra décider de la mise en place ou non d’un programme de dépistage du CMV.

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