Le dépistage auditif des nourrissons pourrait aider à diagnostiquer l'autisme
Les données sur les ondes cérébrales recueillies au cours d'un test auditif administré aux nouveau-nés, pourraient aider les cliniciens à repérer les troubles du développement neurologique comme l'autisme dans la petite enfance, selon une nouvelle étude dirigée par l'université Rutgers.
L’étude, publiée par Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS Nexus), a été dirigée par Elizabeth Torres, professeur de psychologie à la Rutgers School of Arts and Sciences. L’équipe de chercheurs a constaté que les nouveau-nés ayant reçu un diagnostic de trouble du spectre autistique (TSA) plus tardif, présentaient des retards prononcés dans les réponses du tronc cérébral aux sons. En moyenne, ces nouveau-nés présentaient un décalage de 1,76 milliseconde par rapport aux nouveau-nés qui se développaient de manière neurotypique. Ces nouveau-nés peuvent avoir des difficultés à intégrer le son à d’autres flux sensoriels tels que la vision, le mouvement et la douleur, en raison d’un accès limité à la fréquence sonore. En outre, ils peuvent avoir des difficultés à communiquer socialement et à apprendre des langues.
Dans l’étude, l’équipe a d’abord normalisé les formes d’ondes pour éliminer les différences anatomiques, telles que la circonférence de la tête, en tant que source de variabilité. Elle a ensuite comparé les formes d’onde de nourrissons chez qui on a diagnostiqué ultérieurement un trouble du spectre autistique (TSA) à celles d’un nombre similaire de bébés qui n’en souffraient pas. Les bébés qui allaient recevoir un diagnostic de TSA présentaient systématiquement des réponses retardées aux clics et un accès réduit aux fréquences sonores. Dans ce test, les cliniciens font entendre des clics aux bébés endormis, dont la réponse cérébrale est enregistrée à l’aide d’électrodes souples. « À la naissance, le tronc cérébral est déjà essentiel pour les fonctions de survie telles que la respiration, la déglutition et l’excrétion, mais il sert également de conduit vers le néocortex, les régions sous-corticales, le cervelet et la moelle épinière, où le contrôle émergent et la coordination des actions donnent lieu aux éléments de base des comportements sociaux », le professeur de psychologie. « En raison de l’extrême plasticité du cerveau d’un nourrisson, plus l’intervention thérapeutique est précoce, plus elle est efficace. »
A la fin, l’étude suggère une approche possible pour le développement d’un outil de dépistage universel des troubles du développement neurologique, et même de nouvelles pistes pour des traitements personnalisés ciblés. « Avec très peu d’efforts et de coûts, nous pourrions élaborer un test de dépistage universel pour éliminer les disparités dans le développement neurologique des nourrissons et établir des échelles normatives d’un processus aussi dynamique », a déclaré Elizabeth Torres. « Cela nous permettra de mesurer les écarts individuels par rapport à ces plages neurotypiques, le plus tôt possible, lorsque le système nerveux évolue rapidement et s’adapte à son environnement, et que les circuits entre le cerveau et le corps se forment. »