Pourquoi la maladie de Ménière affecte-t-elle l'audition ?
Au-delà de l'atteinte de l'équilibre, les malades de Ménière subissent souvent une perte d'audition après les crises. Quel est ce processus ?
La maladie de Ménière correspond à une accumulation du liquide qui baigne l’oreille interne (l’endolymphe), ce qu’on appelle un hydrops.
Cet excès d’endolymphe augmente la pression dans la cochlée, l’organe de l’audition, ainsi que dans le vestibule, l’organe de l’équilibre, ce qui empêche les cellules ciliées de percevoir correctement les ondes sonores ou les mouvements.
De ce fait, les signaux d’audition et d’équilibre envoyés au cerveau sont erronés, comme s’ils étaient brouillés ou contradictoires. Ne sachant pas comment réagir, le cerveau dysfonctionne et entre en crise.
Quand la pression de l’endolymphe monte, quand les cellules de l’oreille interne (audition et équilibre) sont mises sous contrainte, elles vont dysfonctionner, c’est-à-dire qu’elles vont commencer à « décharger plein d’hormones qui vont informer le cerveau que l’environnement bouge, explique le Pr Vincent Darrouzet, président de la Société Française d’ORL (SFORL). Ce sont donc ces fausses informations qui provoquent le vertige rotatoire, et donc les nausées et les vomissements. »
« Cette pression trop élevée dans l’oreille interne provoque une baisse auditive, généralement dans les fréquences graves », complète Pierre Lavagna, médecin ORL et directeur du centre Otoneuro à Monaco.
Les cellules ciliées, qui transforment notamment les vibrations sonores en impulsions électriques transmises au cerveau par le nerf auditif, sont un peu plus endommagées à chaque crise, ce qui détériore un peu plus l’audition du malade et son mécanisme de l’équilibre à chaque fois.
« Le déficit de l’audition ou des capteurs de l’équilibre va s’installer au fur et à mesure de la répétition des crises. À force de taper sur un doigt, on finit par le casser », image Pierre Lavagna.
En ce qui concerne les acouphènes, ces bruits parasites qui n’existent pas dans la réalité peuvent être générés par la cochlée à cause de la maladie Ménière. Le cerveau interprète l’excès de liquide comme une onde sonore.
Ainsi, la maladie de Ménière dégrade le capital auditif des malades à cause d’un ensemble de symptômes qui apparaissent simultanément.
Sur ce point, le Dr Lavagna explique que le terme de « maladie de Ménière » est d’ailleurs remis en cause, car « on ne connait pas les mécanismes de cette maladie alors qu’on suspecte, à contrario, l’existence probable de divers mécanismes qui peuvent donner la même association de symptômes. De ce fait, il est probablement plus juste de désigner Ménière comme un syndrome plutôt que comme une maladie », conclut le médecin monégasque.