Fraudes aux audioprothèses : Le Synea porte plainte au pénal
Le Synea a décidé de déposer plainte auprès du Procureur de la République à la suite des faits de fraudes rapportés par certains médias ces dernières semaines.
[Publié le 13/12/2023 et mis à jour le 18/12/2023]
Lors de l’émission Envoyé Spécial sur les fraudes en audioprothèse, une entreprise d’audioprothésiste aurait été filmée équipant les patients à domicile à grande échelle et sans diplôme d’audioprothésiste. Une plainte vient d’être déposée au pénal par le SYNEA (Syndicat National des Entreprises de l’Audition).
C’est en réaction à la diffusion de l’émission Envoyé Spécial du 7 septembre 2023 intitulée « Arnaques au creux de l’oreille » et à la couverture médiatique du sujet que le Syndicat National des Entreprises de l’Audition a décidé de sonner la charge.
Dans le reportage, après avoir suivi le travail d’un audioprothésiste sérieux, l’équipe de l’émission rencontre notamment deux patients, à Reims, qui avaient été appareillés à domicile et qui n’arrivaient plus à joindre leurs audioprothésistes depuis cette date.
Le document raconte comment ces deux amis, Daniel et Eric, qui commençaient à moins bien entendre, auraient été démarchés chez eux respectivement par une femme et un homme. Ces derniers se seraient présentés à leur domicile avec des appareils dans leur voiture. Ils auraient ensuite effectué des tests d’audition sur place puis établi dans la foulée une téléconsultation avec quelqu’un que les deux patients identifient comme « peut-être un ORL ». Lors de la réalisation du reportage, cela faisait un an que les deux hommes avaient été appareillés, sans plus jamais avoir revu ou réussi à contacter ceux qui s’étaient présentés comme des audioprothésistes.
Seul problème, selon les journalistes de France 2 toutes ces factures seraient établies au nom d’une même personne, un certain Ruben B., audioprothésiste. Les prescriptions émanaient également du même médecin installé à Nice. Or les deux patients auraient vu deux personnes différentes, et n’auraient ainsi pas été appareillé par un audioprothésiste diplômé.
Interrogé de manière anonyme, celui que l’équipe de France 2 présente comme un ancien salarié de cette entreprise, explique le système : « Il y a un seul audioprothésiste, président du centre, qui envoie des techniciens pour appareiller les gens, avec une facture au nom de l’audioprothésiste ».
Le témoin poursuit en expliquant que cette entreprise d’audition aurait réalisé de cette façon « en 2021, 100 millions de chiffres d’affaires … En 2022, cela représentait entre 850 000 euros et 2 millions d’euros par mois ».
Une plainte contre X
Le SYNEA a indiqué dans un communiqué avoir déposé une plainte au pénal pour des faits rapportés par des médias, qui, « s’ils sont avérés, constitueraient des fraudes inacceptables, préjudiciables tant aux patients et aux deniers publics qu’à l’image de la profession », peut-on lire dans un communiqué du syndicat.
Ainsi, une plainte contre X a été déposée auprès du Procureur de la République, en particulier pour ‘exercice illégale de la profession d’audioprothésiste’.
« Ces acteurs sont dangereux pour les patients, ils jettent le discrédit sur les audioprothésistes et coûtent de l’argent aux pouvoirs publics, alors nous sommes dans notre rôle de syndicat des entreprises de l’audition de faire le nécessaire pour y mettre un terme » détaille Richard Darmon, le président du SYNEA.
« Nous sommes persuadés que l’enquête aboutira rapidement et se conclura par des sanctions », précise Richard Darmon, qui tient, une nouvelle fois à rappeler que les fraudes concernent seulement quelques personnes et que dans son ensemble, la profession fait son travail très correctement.
Des cas isolés
« Selon l’émission Envoyé Spécial, ces infractions, si elles sont avérées, seraient le fait d’un audioprothésiste isolé dont l’équipe commerciale, non diplômée, aurait démarché et potentiellement appareillé à domicile plusieurs centaines de patients », décrit le Synea qui évoque également le cas de prescriptions médicales frauduleuses. Affaire à suivre.
Pour revoir le reportage :