La Fondation pour l’Audition favorable au dépistage systématique du CMV

La Fondation a mis en ligne un dossier sur le cytomégalovirus qui aborde les conséquences de l’infection et alerte sur l’importance du dépistage systématique.

Par Lucien Brenet, publié le 24 octobre 2024

La Fondation pour l’Audition favorable au dépistage systématique du CMV

Le timing est propice. La Fondation pour l’Audition a publié sur son site Internet un dossier sur le cytomégalovirus (CMV), largement débattu ces derniers temps. Réalisé en collaboration avec des experts et des scientifiques, le rapport présente l’état actuel en matière de prévention, de dépistage et de prise en charge de ce virus, qui touche entre 60 % et 70 % des adultes dans les pays industrialisés (presque 100% dans les pays en voie de développement) et entre 0,5 et 2 % des nouveau-nés. En France, cette infection est 10 fois plus fréquente que la toxoplasmose chez les femmes enceintes. Le CMV est en outre la principale source congénitale de handicaps neurosensoriels. Si la plupart des nouveau-nés sont asymptomatiques, 20 % d’entre eux vont développer des complications, dont une perte auditive progressive. Chaque année, ce sont au minimum 456 enfants infectés par le CMV qui développent une surdité.

La Fondation pour l’Audition plaide pour que des mesures de prévention efficaces soient mises en place et que dépistage du CMV se généralise. Cité dans le rapport, le Dr Leruez et le Pr Ville estiment que : « il est essentiel que les futures mamans se fassent dépister dès qu’elles apprennent leur grossesse, et une seconde fois à la fin du premier trimestre, vers 12 semaines. » Actuellement, l’Assurance Maladie préconise un dépistage ciblé en cas de symptômes évocateurs. Le rapport fait également l’inventaire des prises en charge possibles en cas d’infection congénitale, via des traitements antiviraux, la réhabilitation auditive et la réhabilitation vestibulaire.

Le CMV au cœur des débats

La stratégie à adopter face au dépistage et au traitement de cette infection fait débat. L’Académie nationale de médecine s’est prononcée le 8 octobre dernier en faveur d’un dépistage systématique chez les femmes enceintes. Le dépistage sérologique précoce associé à un traitement au valaciclovir pourraient réduire de 70 % la transmission virale selon une recherche qui a suscité l’espoir du côté des professionnels de santé. Bien qu’un amendement pour tester le dépistage systématique ait été adopté dans le cadre du PLFSS 2024, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a maintenu sa position défavorable. Le HCSP avait réexaminé sa position après la publication de l’essai randomisé sur le traitement par valaciclovir. Dans son avis, le HCSP invoque un « faible » niveau de preuve, estimant que l’étude n’a pas démontré l’efficacité du traitement sur les infections fœtales, les infections congénitales et sur les anomalies fœtales après infection.

Ce désaccord a suscité des critiques de la part de professionnels de santé, reprochant au HCSP de ne pas avoir pris en compte les coûts à long terme des handicaps. Le ministère de la Santé a sollicité l’avis de la Haute Autorité de santé (ANS) avant de décider ou non de la mise en place éventuelle d’un programme de dépistage.